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2024-10-10

La serre la plus nordique du Québec construite à Salluit

Ouverture de la serre de Salluit

La serre la plus nordique du Québec construite à Salluit

 

(article publié sur ICI Grand Nord, par Félix Lebel. Article original ici.)

La communauté inuit de Salluit, dans le Nord-du-Québec, dispose maintenant d’une serre communautaire, qui permettra à plusieurs familles de réduire le coût de leur panier d’épicerie en plus de fournir des légumes aux organismes locaux.

La toundra près de Salluit n’est pas du tout propice à l'entretien d'un potager. Les nuits de gels en plein mois de juillet sont fréquentes, et peuvent anéantir des espoirs de récoltes.

Mais voilà qu’avec cette toute nouvelle serre communautaire, les résidents pourront tirer parti des longues journées d’ensoleillement durant l’été.

Cette semaine, il faisait 7 degrés dehors, et 25 degrés à l’intérieur de la serre avec le chauffage au solaire passif!, dit l’instigateur de l'organisme à but non lucratif « Société Amaat », Stephen Grasser, un résident de longue date de Salluit.


Un projet complexe

Construire cette serre aura été un parcours parsemé d’embûches. D’abord, la pandémie a ralenti la recherche de financement et fait exploser le prix des matériaux.

Les instigateurs du projet ont aussi été touchés par le manque d’entreprises pouvant installer une serre dans un village aussi éloigné.

Ce sont finalement des étudiants de la région, du programme de formation professionnelle en construction, qui ont coulé le béton et installé la structure nécessaire.

À cause du pergélisol, la serre devait être déposée sur une couche épaisse de gravier. La fondation devait aussi être en ciment renforcé. C’était impossible de trouver un entrepreneur en mesure de faire les travaux ici, explique Stephen Grasser, aujourd’hui fier de voir la serre fonctionner.

Pour organiser la production et les récoltes, ce dernier a fait appel à l’agronome Sam Chauvette du Centre d'innovation sociale en agriculture du Cégep de Victoriaville.

C’est notamment lui qui a préparé la terre nécessaire aux jardins, qui a dû être transportée par navire jusqu’à Salluit.

On a fait un mélange de terreau avec mes collègues du Cégep. On a développé une recette de terre à jardin, avec du compost et du biochar. Ça donne un terreau exceptionnel. Mais il y a un coût élevé, c’est certain, avec le transport, explique l’agronome.

Ce dernier compte poursuivre son implication avec la serre dans les prochaines années.

Il compte par exemple préparer les commandes de semences pour les résidents qui souhaiteront y planter des légumes la saison prochaine qui s’étendra de la mi-mai à la fin octobre.

On a parlé avec les gens sur ce qu’ils voulaient pour l’année prochaine. On tombe quand même dans les classiques. Les patates, oignons, carottes, tomates, concombres, poivrons et même de l’ail!, ajoute Sam Chauvette.

 

S’attaquer au prix du panier d’épicerie

La serre a été divisée en deux sections. La première approvisionnera en légumes les différents organismes de la communauté. L’autre moitié permettra à 13 familles de profiter d’une parcelle de jardin.

Ce nombre limité d’espaces ne permettra pas de résoudre tous les problèmes liés à l’insécurité alimentaire au village, mais les instigateurs du projet espèrent aider le plus de familles possible.

C’est une goutte dans l’océan pour lutter contre l’insécurité alimentaire. On pourrait avoir quatre ou cinq autres serres au village avant d’avoir un gros impact. Mais je crois qu’il faut y aller étape par étape. Nous devons prouver la faisabilité du concept, explique Stephen Gresser.

Il espère que la serre deviendra un modèle que les autres communautés pourront reproduire.

Avec l’accroissement de la population, il y a beaucoup de pression sur la nourriture traditionnelle comme les poissons et les caribous. Nous devons développer d’autres alternatives locales plutôt que de dépendre des importations du sud, souligne Stephen Gresser.

En attendant, des ateliers scolaires sont en préparation avec l’école de Salluit afin d'initier les jeunes aux joies du jardinage et, peut-être, de semer les graines d’une plus grande autonomie alimentaire au Nunavik.